stages de remise à niveau CP

Publié le par Sauvons l'Ecole Pour Tous Bruche

Le mot vacances vient du latin vacans qui signifie « qui est vide ». Les vacances sont donc un temps libre, dans lequel chacun peut mettre ce qu'il veut ou ne rien mettre du tout s'il en ressent le besoin.

Nous avons déjà tous croisé un ami ou un collègue qui, à peine rentré de ses congés déclare : « Je ne comprends pas, je rentre de vacances et je suis déjà fatigué. » On essaie de mettre ça sur le compte d'une météo capricieuse ou autre explication du genre ; mais le mot vacances est-il encore adapté à ce que cette personne vient de vivre : rendre visite à la famille lointaine, retourner toute la maison, caser quelques rendez-vous et j'en passe… Je connais aussi le regard dubitatif de mes collègues quand, à la question « qu'est-ce que tu as prévu pendant tes congés ? », je réponds « rien à part poser ma montre, après on verra. » Pour que les vacances prennent tout leur sens et redonnent de l'énergie, elles doivent permettre un vrai temps de liberté. Alors je ne dis pas qu'il faut rester affalé devant la télé, mais que ce moment doit permettre de se libérer de ses contraintes, que ce soit en allant courir dans les bois, à la pêche ou en papotant avec la voisine, peu importe. Et c'est d'autant plus important pour les enfants qui ont besoin de vrais moments inactifs pour assimiler les connaissances.

Les stages de remise à niveau tendent à supprimer ces périodes essentielles aux enfants. Même 3 heures par jour, c'est quand même aller à l'école. Il faut être à l'heure, se concentrer sur des tâches que l'on pas choisies… alors que l'enfant devrait jouer tranquillement. Ne profitant pas pleinement de leurs congés, comment les enfants pourront-ils aborder la rentrée en forme pour de nouveaux apprentissages et l'esprit rassasié d'activités plaisantes ? Je comprends tout à fait les angoisses des parents face à un enfant qui rencontre des difficultés de lecture. Accepter ces stages peut donner l'impression d'aider son enfant. Mais si un enfant n'aime pas l'école, n'arrive pas à se concentrer, l'aide-t-on vraiment en lui en ajoutant une couche : tu n'aimes pas l'école, tu n'y arrives pas ? Et bien tu y resteras encore plus que les autres !Drôle de motivation !!

Il faut du temps pour apprendre à lire et il faut parfois que le déclic viennent de lectures non scolaires. L'enfant doit découvrir que la lecture peut être source de plaisir ; que ce soit avec une BD, un document sur les châteaux forts ou des recettes de cuisine, qu'importe ; un enfant peut faire des exploits lorsqu'il prend plaisir dans ce qu'il fait.

Pour ceux dont les difficultés sont plus importantes, quelques heures ne régleront de toute façon pas le problème, en supposant que les origines des difficultés soient au moins établies lors de ce stages.

Ces stages ne servent donc en rien les enfants. Ils rassurent tout au plus les parents de plus en plus stressés face aux performances de leurs enfants. Le burn-out frappe de plus en plus de mères de familles. Serions-nous devenus incapables d'élever nos enfants ? L'injonction de réussite, de performances frappe partout, y compris au sein des familles qui renvoient la pression sur leurs enfants. Plutôt que de sacrifier des enfants sur l'autel de la rentabilité, de la concurrence à outrance, ne devrions- nous pas plutôt les laisser apprendre et grandir sereinement et lutter contre ceux qui imposent une telle société où la dimension humaine disparaît peu à peu ?

Nadine Zackorczmenny

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